lundi 4 mai 2009

Le coeur de l'âme

Lorsque tu juges quelqu'un, tu te juges toi-même. Tu tentes d'éviter la douleur de ce jugement en pensant que tu es en train de juger quelqu'un d'autre. Cette méthode complexe par laquelle tu évites ce que tu ressens à l'intérieur de toi-même est une façon de refuser de prendre conscience de certaines choses qui te caractérisent et que tu n'approuves pas. L'idée que ces caractéristiques existent en toi est douloureuse, voire honteuse. Tu n'arrives même pas à t'imaginer qu'elles pourraient faire parties de toi. Ton mépris envers ces caractéristiques trouve son expression lorsque tu les reconnais dans quelqu'un d'autre. Plutôt que de devenir choqué, effrayé, frustré, ou déçu envers toi-même, tu le deviens envers quelqu'un d'autre. Voici l'origine de tout jugement.

Si tu ne possédais pas les caractéristiques que tu méprises tant, tu n'aurais aucune réaction émotive envers elles. Tu reconnaîtrais la duperie, l'avarisme, la concupiscence, l'insensibilité et toutes autres formes de comportements inadéquats pour ce qu'ils sont, et tu agirais en conséquence. Tu ne ferais pas confiance à quelqu'un qui n'est pas digne de confiance et tu ne t'attendrais pas à de la sensibilité là où il n'y en a pas. Tu ferais ces choses avec aisance, sans effort. Tes réactions émotives à seulement certaines caractéristiques et non à d'autres est ton signal. Quand tu reçois ce signal - quand tu juges un autre individu - c'est parce que tu as reconnu dans cet individu une caractéristique que tu n'as pas encore identifiée à l'intérieur de toi-même.

Jusqu'à ce que tu t'avoues à toi-même que tu possèdes cette caractéristique que tu juges durement dans les autres, tu deviendras enragé-e, décu-e, choqué-e, et méprisant-e quand tu les verras dans les autres. Plus longtemps tu nieras ces caractéristiques, plus elles deviendront évidentes et proéminentes. Et corrélativement, plus tu deviendras intolérant-e de les voir dans les autres. Des individus qui te dérangent apparaîtront - et réapparaîtront - dans ta vie. Et tu les jugeras jusqu'à ce qu'enfin tu réalises que ton mécontentement - ton jugement envers tes frères et soeurs qui fréquentent eux aussi l'école terrestre - est en fait du mécontentement et des jugements que tu as envers toi.

Peux-tu considérer la possibilité que ce que tu juges si durement dans les autres, tu le fais toi aussi, ou tu aimerais le faire? Si tu en es capable, tu seras très surpris-e. Tu commenceras à être compatissant-e envers les autres, plutôt que méprisant-e. Tu te joindras à l'humanité en tant qu'un être sensible et concerné, et non un être critique. Tu ne peux comprendre la douleur des autres avant d'avoir ressentie la tienne. Chaque fois que tu juges les autres, tu te sauves, tu fuies l'auto-exploration qui t'es offerte.

Le jugement déplace ta conscience de ton expérience corporelle en la plaçant sur les activités de ta pensée. Cela n'enlève ni ta douleur, ni les causes de ta douleur. Cela ne fait que te permettre d'entrer dans le domaine du mental, domaine dans lequel la conscience des sensations douloureuses qui t'habitent ne peut pas suivre. Cela t'empêche de te dévoiler à toi-même et aux autres. C'est une barrière contre la vulnérabilité, contre des expériences douloureuses envers les autres et envers l'Univers. C'est une attaque préventive contre ce que tu voudrais le plus au monde - l'intimité et l'acceptation - que tu entames avant de pouvoir être rejeté ou de te faire refuser l'intimité.

La douleur que tu évites est la clé que tu recherches. C'est ta connexion à l'énorme souffrance de l'humanité et de la Terre. C'est la porte d'entrée à ta compassion.

-tiré de The Heart of the Soul par Gary Zukav."

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